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Du corps aux objets. Le design comme vecteur d’un imaginaire biologique

Date : 2014
Type : Actes de colloque

Le texte « Du corps aux objets. Le design comme vecteur d’un imaginaire biologique » fait partie des actes du colloque D’un territoire l’autre, dirigé par Éric Vandecasteeele et Claude Courtecuisse.

Le colloque D’un territoire l’autre, dirigé par Éric Vandecasteele et Claude Courtecuisse dans le cadre du CIEREC (Centre Interdisciplinaire d’Études et de Recherches sur l’Expression Contemporaine) de l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne, s’est déroulé les 13 et 14 décembre 2012 à la bibliothèque de Lyon. Les actes du colloque seront publiés prochainement par les Presses Universitaires de Saint-Étienne et la Bibliothèque de Lyon.

Cette publication réunit les contributions de Roxane Andrès, Claude Courtecuisse, Arlette Despond-Barré, Denis Briand, Bernard Darras, Catherine Geel, Joël Gilles, Bernard Lafargue, Philippe Louguet, Patrick Nadeau, Jeanne Quéheillard et Éric Vandecasteele.

« Si les designers ne sont pas des démiurges, ils dictent néanmoins la question des limites d’une discipline désormais polysémique, trans et intra frontières. Il semble que le design se répande désormais dans d’autres champs (arts, sciences,…), qu’il se modélise différemment (design génératif) et qu’il s’envisage dans une perspective philosophique. Art et design se frôlent donc, s’absorbent parfois dans une dialectique qui fait du Territoire une question centrale. Ainsi s’esquisse une nouvelle cosmogonie du design.

L’art et le design échappent désormais à l’emprise d’une pensée totalisante, ce qui implique « que soit réorienté sans cesse le questionnement » (H. Belting). C’est bien le sens de ce colloque. Les objets, les « situations » imaginés par Dunne and Raby ne sont pas ceux des Horta ou de l’Atelier Van Lieshout. Pas plus que, dans les années 80, les pièces uniques d’Alessandro Mendini, Ettore Sottsass ne ressemblaient à celles de Jurgen Bey ou celles de Ron Arad, même si les unes et les autres semblaient tourner le dos à ce que la tradition du design leur enseignait. Gaetano Pesce, Piero Gilardi, Archizoom et quelques autres, élargissant le programme de service attaché à la chaine industrielle, avaient mis en crise la définition même du design et tracé, dix ans plus tôt, le chemin. Curieusement, cette crise inaugurale était advenue au moment où prenait corps le métier de designer. Non seulement elle faisait apparaître le design comme un espace ouvert, mais encore le designer devenait en premier lieu un passeur.

Au-delà des « variateurs » de Marcel Duchamp, des artistes tels que Donald Judd et Richard Artschwager aux Etats Unis, François Arnal en France, ont interrogé sérieusement le statut de l’objet fonctionnel. Entre convergence et déplacement de territoires, entre design et art (entre art et design), il existe désormais des lieux propices à la création d’objets nomades.

Surgi au XIXe siècle de l’exploration matérielle du réel, le design se fait aujourd’hui pourvoyeur d’images. Il se programme à partir d’espaces virtuels sophistiqués, radicalement nouveaux qui lui font bâtir des jeux de pensée inédits. La question qui se pose à partir de là c’est celle de l’incarnation de cette pensée : ses jeux peuvent-ils nous offrir de nouvelles modalités d’échanges ou de vie ? Il convient alors non pas de tracer on ne sait quelles hypothèses de reterritorialisation, forcément vouées à l’échec, mais d’observer le sens de démarches qui, en Occident ou ailleurs, tentent d’inscrire le design dans une conscience critique du monde, un espace de questionnements ouvert à tous les regards, à toutes les lectures et, surtout, à la perspective d’un véritable être-ensemble. »

É. Vandecasteele et C. Courtecuisse

 

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