Conférences

Prothèses et extensions de l’imaginaire corporel dans la création contemporaine

Lieu : Université du Québec à Montréal (UQAM) / Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Montréal
Date : Octobre 2014
Type : Colloque

Le colloque Art et santé est organisé en partenariat avec les Entretiens Jacques Cartier (EJC), la Faculté des arts (UQAM), l’Université de Technologie de Compiègne (UTC), la Bibliothèque et Archives nationales du Québec, la Cité du design et l’École Supérieure d’art et design de Saint-Étienne.

La question de la reconstruction corporelle amène la médecine à se confronter à l’image du corps : à l’image extérieure d’une part, celle que les autres perçoivent, et à l’image de soi d’autre part, celle qui correspond au ressenti de chacun face à l’introduction d’un corps étranger ou à un corps qui se morcèle de plus en plus. Greffes, prothèses, implants sont des opérations de chirurgie lourde qui actualisent l’homme-machine de Descartes (et de La Mettrie). Pour contrecarrer les déficiences de la machine humaine, la médecine rêve depuis longtemps de lui fabriquer des pièces de rechange. Ainsi, le corps biologique se couple avec d’autres corps ou son propre corps, avec des objets et même avec l’animal. Ce bouleversement du rapport entre la médecine et le corps entraîne une réflexion sur le statut de la réparation artificielle : doit-elle procéder par imitation physique et fonctionnelle ou par extension ? Une même réalité fait se rejoindre médecins et artistes autour de la question de l’augmentation du corps. Pouvons-nous inventer de nouvelles fonctions, et dans ce cas augmenter le corps de nouvelles capacités ? Le dispositif médical pourrait-il apporter une autre expérience des sens ou en ajouter ? Permettraient-elles l’augmentation, non pas seulement physique, mais sensorielle ? Le fait que les prothèses se voient acquittées de tout devoir de symétrie implique qu’elles ne répondent plus à un mimétisme organique, autrement dit, elles ne répondent plus à ce besoin qui, avant toute chose, se voyait lié au corps extérieur, c’est-à-dire visible. Si la prothèse pouvait auparavant être subordonnée au corps, ce n’est désormais plus le cas : elle peut de ce fait exprimer autre chose que des fonctions physiologiques. De plus, leur taille, détachée de tout rapport relié à l’échelle organique — étudiée en fonction de l’échelle du corps — peut prendre une ampleur qui en vient à outrepasser le corps lui-même. Le corps rejoint dès lors des dispositions imaginaires qui s’inscrivent dans une perspective fictive ou même légendaire. Que peuvent provoquer ces évolutions biotechnologiques sur l’image et l’imaginaire du corps ?

Roxane Andrès

Lien:

www.colloqueartetsante.uqam.ca