Projets

La fabrique de cœurs, MUDAM, Luxembourg

Lieu : Musée d'Art Moderne Grand-Duc Jean, MUDAM, Luxembourg
Date : Décembre 2008
Type : Workshop

Projet en partenariat avec Emmaüs, La fabrique de cœurs est un processus de création basé sur la transformation d’objets récupérés – en l’occurrence des peluches – en cœurs anatomiques.

Un des volets du projet de design participatif La fabrique de cœurs est de partager la fabrication de l’objet et d’en faire des ateliers où se mêlent la confection et les discussions, les enfants et les adultes, autour d’un débat sur la greffe, durant lesquels des témoignages sont apportés par des personnes greffées faisant partie d’associations, telles que la FNAIR (Fédération Nationale d’Aide aux Insuffisants Rénaux). Plusieurs workshops de La fabrique de cœurs ont été organisés dans des contextes très différents et notamment au MUDAM (Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean) du Luxembourg et à la Cité des sciences et de l’industrie de Paris. Lors de ces workshops, les enfants participants confectionnent leur cœur en y greffant les formes tubulaires de leur choix. La forme musculeuse rouge sert de point de départ aux confectionneurs, elle permet en outre de créer une unité dans la série des cœurs fabriqués. Les enfants peuvent ainsi choisir leur base d’organe à compléter par une sélection de formes tubulaires. Les tubes deviennent les éléments qui donnent l’allure, une vie à cette forme de base encore indéterminée – et quasiment larvaire – que les enfants personnalisent, et parfois même personnifient. Le lien entre les tubes du cœur (les artères) et les formes tubulaires récupérées sur les objets peluches (bras, jambes, oreille, museau, etc.) s’est fait naturellement. C’est ainsi qu’a débuté, en partenariat avec Emmaüs, une fabuleuse collecte de formes préexistantes dont nous avons dressé une taxonomie afin d’en faire apparaître la richesse de variations qu’il était possible de trouver dans une même catégorie d’objets. La variété des formes tubulaires permet d’aborder la question de la différence dans la répétition car, d’une part, ces éléments sont la résultante d’un processus industriel (donc de série) et, d’autre part, les diverses provenances et les diverses époques des objets regroupés en un même lieu rendent tout de même possible le fait d’obtenir une cohérence visuelle malgré la multitude des formes. Avec l’introduction de formes variées dans le processus de fabrication, nous obtenons des objets dont les liens de parenté sont certains – chaque pièce présentant toutefois un visage différent. L’enjeu est de créer des pièces uniques à partir de fragments provenant de l’industrie : une sorte de « désindustrialisation » de l’objet qui retrouve un processus artisanal de confection. Un des enjeux principaux est de soulever le lien entre l’organe et l’industrie en proposant une réflexion sur l’organe artificielle personnalisable.

Des dessins montrant un glissement de la vision anatomique en une vision technique, glissement qui marque le passage de l’organique à l’objet ou bien des vues en éclaté du cœur sont proposés aux participants des workshops comme notice de montage.

De cette diversité des formes tubulaires est ressorti un fort potentiel de jouabilité, car au-delà du tube, certains détails rappellent tout de même un bras, une patte appartenant à tel ou tel personnage, et si, pour nous, ces objets représentent des formes tubulaires diverses, les enfants, quant à eux, y reconnaissent certaines parties de peluche, certains détails de personnages bien connus. Chacun de ces tuyaux n’est pas neutre, ils rentrent pour ainsi dire dans une échelle de valeurs qui nous est tout à fait inconnue.